Finies les folles cavalcades dans le sud Bolivien, nous remontons progressivement vers le nord et faisons escale à Potosi.

La ville de Potosi est reconnue pour être la ville la plus haute au monde avec ses 4070m et quelques centimètres. Mais elle est également célèbre pour sa mine, véritable ressource de métaux rares au cœur de la Bolivie.

On nous avait parlé de la visite de la mine sans trop savoir à quoi nous attendre. Une fois n’est pas coutume nous faisons confiance et fonçons! La visite très bien faite, sur une durée de 5 heures, nous a fait retracer le quotidien d’un mineur.

 

Potosi, le mercado des mineurs

Nous passons en premier par la case habillage ou l’on nous fournit les protections nécessaires. Protections pour ne pas se salir mais également protections minimales pour évoluer dans la mine. Très amusés par cet attirail, nous nous trouvons une plus forte ressemblance avec un poilu de 14 qu’avec un mineur.

Plus tard, nous faisons un arrêt au mercado des mineurs, tout un quartier rempli de tiendas spécialisées pour les mineurs. Notre guide nous emmène dans l’une d’elle où les mineurs peuvent acheter tout leur matériel, pelles, lampes, casques, sacs et dynamite. Oui, vous pouvez acheter de la dymanite dans la rue! Nous y avons également gouté l’alcool des mineurs, 96 %, dont ils s’imbibent chaque matin en guise de prière. Nous avons trouvé une forte ressemblance avec l’alcool à bruler! (Bon marché, 1,5€ le litre).

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Marché des mineurs, Potosi – Bolivie
 
Coutume locale ou exagération touristique, notre guide nous invite à acheter boissons, feuilles de coca et dynamite pour offrir aux mineurs.
 

Visite de la candelaria, mine de Potosi

Après l’étape habillage, un arrêt au marché des mineurs nous avons droit à une petite explication sur la transformation des métaux. Puis nous arrivons enfin à la mine La candelaria, principal lieux d’extraction de métaux de Potosi.

la candellaria
Mine de métaux dominant la ville de Potosi

 

 
Nous arrivons dans une sorte de village en bois à flanc de montagne. Là bas, les mineurs stockent leur matériel après leurs journées de travail. Nous nous trouvons dans le groupe « chicken fucker ». 7 personnes réunies pour une version English de la visite prodiguée par un guide à l’accent très hispanique.

Le guide nous dirige vers l’entrée de la mine, un étroit passage assez bas de plafond et sans éclairage. C’est d’ailleurs pour cela que l’on a de superbes lampes frontales sur nos casques !

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Entrée de la mine la candelaria Potosi
Nous partons de 4300m pour descendre 70 m plus bas dans les différents niveaux de la mine. Notre guide nous prévient votre respiration sera un peu altérée (on s’en fout on est des héros). D’ailleurs à ce propos lors de la séquence habillage, nous étaient proposés en supplément des foulards (De corné) pour nous protéger… Inutile de vous dire que les souvenirs à la con ce n’est pas notre truc.
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Apprentis mineurs partant au travail

Nous entamons donc la marche dans ce tunnel, le dos courbé pour arriver dans une pièce où se trouvent différentes statues. Ces statues représentent les divinités vénérées par les mineurs dont le diable, seigneur du monde souterrain. Passage comique, notre guide allume une cigarette dans la bouche de la statue pour bénir notre descente.

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Le diable divinité des profondeurs

Et puis on engage la descente…

Nous nous enfonçons un peu plus dans cette mine et l’air devient un peu plus lourd (beaucoup). Le guide nous explique que ce sont les reflux de souffre et d’arsenic qui nous grattent la gorge. Et qu’ils sont aussi l’une des principales causes de mortalité des mineurs.

L’air devenant lourd (très lourd) nos 4 amies Russes et Autrichiennes abandonnent la partie avant même d’avoir passé le premier niveau. Nous autres aventuriers décidons de continuer même si les vapeurs me piquent convenablement les yeux. Et  l’asthme de Caramelo le rappelle plusieurs fois à l’ordre.

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Respiration difficile dans la mine de Potosi, bob cochonou sauveur

C’est en fait en voyant le passage vers le second niveau que l’autre moitié du groupe à abandonné, un foutu toboggan de glaise.

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Descente vers le second niveau de la mine, attention glissant

N’étant plus que 3 nous suivons notre guide dans ce parcours du combattant, tantôt sur les fesses, tantôt les mains dans la boue. Oui vous l’aurez remarqué, on est bien loin des standards européens en matière de sécurité des lieux touristiques.

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Passages étroits par lesquels passent quotidiennement les mineurs
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Descente au troisième niveau, notre guide mâche sa coca…

Arrivés au second niveau nous avons le droit à un petit cours sur l’histoire de la mine, un passage plutôt éloigné de nos normes…

La montagne est un véritable gruyère et comporte 500 km de tunnels. Travaillent dedans 80 mineurs à année entière.

Mineurs et… mineurs

La Bolivie interdit le travail des mineurs mais ne contrôle pas le travail dans les mines, ainsi certains mineurs n’ont que 13 ans. L’espérance de vie d’un mineur ne dépasse pas les 55 ans à cause des vapeurs et gaz inhalés à longueur de journée. La mort la plus commune, la silicose !

Ces mineurs qui travaillent 8h par jour à la lueur d’une lampe ne mangent pas de la journée car le souffre et l’Arsenic omniprésents mélangés à la nourriture accentuent les problèmes intestinaux, par conséquent ils ne se nourrissent que des protéines fournies par les feuilles de coca mâchées à longueur de journée.

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Mineurs au travail (ou représentation..)

La triste réalité de la vie de mineur en Bolivie

Le salaire d’un mineur peut varier de 8000 bolivianos à 500 bolivianos (800 – 50 €) en fonction des équipes et des filons.
Arrivés au 3ème sous-sol, l’air devient plus respirable et nous poursuivons notre balade à la lampe dans ce dédale de couloirs en glaise. régulièrement nous nous baissons pour éviter des poutres cassées ou endommagées. Nous sentons petit à petit l’eau envahir nos bottes de fortune au fil de la visite.

Après 2h dans la mine, pas mécontents d’apercevoir le jour pointer au bout d’un couloir, nous ressortons fatigués mais néanmoins très heureux de cette découverte.

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Nous revoilà mères, survivants de la mine
Les héros se doivent de revenir !
La partie visitée, était annoncée comme étant un lieu de travail quotidien des mineurs. Elle s’avère finalement être un lieu de passage entre les différents lieux d’extraction. Mais il est clair que les conditions ne sont pas meilleures plus loin dans les tunnels.
Après notre sortie, nous voyons sortir plusieurs groupes de mineurs dont certains très jeunes. Il faut aussi le dire, complètement ivres, une image un peu choquante qui nous a laissés imaginer la difficulté du travail.

La candelaria pour résumer

Cette visite de la mine sous ses aspects touristiques est une vraie mission. Les conditions d’accès ne sont vraiment pas communes, je crois que je n’ai jamais visité de « lieu touristique » si dangereux.
Cela nous a permis de voir au plus près les conditions de travail. Et de constater une fois de plus que notre condition d’européens n’est vraiment pas à plaindre.
Etape suivante: Après cet arrêt à Potosi, nous partons pour Sucre, la capitale Bolivienne pour une dernière étape avant de se rendre au carnaval le plus couru de Bolivie.
Check-list: Vivre 5 h dans la peau et les vêtements d’un mineur bolivien: CHECK