Après avoir eu un avant goût de carnaval à Sucre, nous partons à Oruro pour l’un des étapes très attendues du voyage… LE CARNAVAL.

Il nous a d’ailleurs été vivement recommandé par les Grumelles les plus célèbres de Conflans. Car le carnaval d’Oruro est le plus grand de Bolivie et l’événement qui rassemble le plus de monde dans le pays.

Le carnaval d’Oruro, une organisation impressionnante

Chaque année, à l’occasion du carnaval qui se déroule dans tous le pays, la ville d’Oruro accueille plus de 200 000 spectateurs. (Début Mars pendant 2 semaines). Le parcours du carnaval, bien étudié et bien ficelé, s’étend sur près de 6km au travers de la ville d’Oruro. Tout ce parcours est bordé d’immenses gradins payants, points de vue imprenables sur le défilé.
Le carnaval d’Oruro existe depuis 200 ans (1818) et a été inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
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Ouverture du carnaval Oruro 2014
Les prix des gradins varient en fonction de la hauteur de la place et de la position sur le parcours. Ils seront plus chers près de la place centrale par exemple.
Il est impératif de prendre vos places le plus tôt possible, car les prix grimpent avec le taux de remplissage. Les premiers prix sont à 150 Bolivianos (15€) et peuvent monter jusqu’à 600 Bolivianos (60€).
Nous avons un peu tardé à prendre les nôtres et avons payé un peu plus cher que prévu. Mais de toute façon cela en valait largement la peine.

Plus q’tu grimpes, moins q’c’est cher

Quand je vous parle de gradins, il vous faut imaginer quelque chose d’incroyable. La qualité du gradin augmente en fonction du prix. Passant du gradin en planches tenant par des rondins et des clous. Au gradin en fer avec des sièges confortables.
Les gradins que nous avons choisi, plutôt vers le début du parcours étaient un mélange de bois et de fer. Hauts de 10 étages avec chacun une place numérotée à la peinture de 25 cm de large. On accédait à nos places (à 4m du sol) par des échelles en bois improvisées auquel on accédait depuis un étroit passage de 50 cm… Cocasse. Vous me direz, il faut éviter de descendre ivre du gradin, je vous répondrai simplement que cela est impossible.
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Accès un peu périlleux aux gradins, Carnaval Oruro
L’ambiance dans ces gradins est formidable et nous ne pouvions pas mieux tomber. Très rapidement nous devenons amis avec tout notre entourage. Ils étaient bien heureux de partager vodka et bières avec 3 gringos affublés de chapeaux texans.
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Le carnaval d’Oruro depuis le 10ème étage des gradins

La ferveur du carnaval puissance 10 000

Lors du carnaval, les rues du défilé sont saturées, les gradins sont complets et le public applaudit et chante à chaque passage de cortège. Fusils à eau et bombes de neige artificielle tirent dans tous les sens. Il est difficile pour un grigo de rester propre plus de 5 minutes. En effet nous baladant dans le cortège, nous avons très vite compris que nous devions réagir. Au bout de 5 minutes nous étions recouverts de neige et complètement trempés. Grands et petits se faisaient un grand plaisir de viser les gringos.
Très vite nous décidons de réagir et d’acheter nos munitions, le cours de la journée en a été clairement modifié. A la grande surprise des locaux, nous pouvions maintenant répondre par attaques groupées et nous défendre convenablement. Dans les gradins, la situation était la même, des batailles de mousse géantes éclataient régulièrement recouvrant les cheveux et visages de neige.
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Attaque à la bombe de neige dans les gradins, carnaval Oruro
Imaginez en France le gros grincheux à côté de vous avec son jambon beurre qui aurait vite fait de grogner et vus insulter, ici rien de plus normal que d’avoir de la mousse dans les yeux ou dans ses frites.
En marge de ce carnaval, dans toutes les rues alentour, d’énormes marchés. On y retrouve nourriture, alcool et bombes à neige pour le plus grand plaisir des carnavaliers. Toute l’économie locale était réunie pour cet événement.

Défilé du carnaval d’Oruro, musique, couleurs et joie

Le défilé se déroule sur 2 jours et voit passer près d’une centaine de bandas réunies en groupes. Tous les participants au carnaval font partie de la province d’Oruro, on voit ainsi défiler des groupes de mineurs, de routiers ou encore d’éleveurs. Avec chacun son signe distinctif, un camion, un lama, un tapir ou des casques de mineurs.
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Costumes traditionnels carnaval Oruro Bolivie
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Costumes féminins colorés et masques effrayants
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Fanfare des mineurs de Poopo, carnaval Oruro

A chacun son tour et son rôle

A Oruro, vous ne verrez pas de gros chars fleuris comme vous pouvez en voir à Rio. Ici, seulement des danseurs et musiciens qui défilent costumés.
Chaque banda commence par une voiture décorée et un drapeau. Puis se succèdent des danseurs, des danseuses, des habits traditionnels, de gros costumes très chargés et très colorés. Et pour clore le cortège, le groupe de musiciens. Tous toujours très classes et très propres sur eux à la manière des groupes de Jazz.
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Costume traditionnel, plumes et couleurs à foison
Parmi cette petite centaine de Bandas, certaines comptent près de 1000 personnes. Elles peuvent passer pendant près de 35 minutes non stop devant vous. D’ailleurs les fanfares sont essentiellement composées de Tubas, Trombonnes, Flûtes, Helicons, Tambours et batteries, non Boony, aucun Saxo dans les parages, tu as peut être un business à monter!
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Groupe de danseurs, hommes et femmes en orange, Oruro 2014
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Osos, déguisement d’Ours très appréciés du public

Une banda, une couleur, une musique, une danse

Chaque Banda à ses couleurs, ses costumes, ses musiques et ses danses, tantôt calmes et très traditionnelles et tantôt très colorées et très dynamiques. Certains groupes très attendus comme les « Diabladas » travaillent sur la thématique du diable, des démons et portent des costumes proches des dragons asiatiques. D’autres beaucoup plus simplistes jouent sur le thème Amazonie, plumes et corps peu vêtus.
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Costumes d’amazones, carnaval d’Oruro
Parfois, les hommes et les femmes sont séparés, je vous laisse imaginer la ferveur du public au passage d’une troupe de 200 femmes en costumes à paillettes.
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Troupe de danseuses en rythme, Oruro Bolivie
Si vous avez l’occasion une fois de vous y rendre, ne passez pas à côté, l’ambiance y est formidable, les gens sont vraiment chaleureux et le défilé est vraiment un régal pour les yeux. Il suffit que vous soyez un peu échauffé et le moment va rapidement devenir inoubliable.
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Danse diablada en nocturne, carnaval Oruro
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Danse de démons / dragons en nocturne

Carnaval 2014 : un Accident qui bloque le défilé.

Vers 18h le Samedi, nous voyons le cortège qui commence à bouchonner, après une demi-heure, nous apprenons qu’un accident vient de se passer, une passerelle piétons vient de s’écrouler sur le cortège. La chute de la passerelle a provoqué la mort de 4 personnes et 71 blessés, un long moment de flottement qui a duré près d’une heure pendant lequel les carnavaliers étaient sous le choc, ne sachant pas si le carnaval allait se poursuivre.
 
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Chute d’une passerelle, Carnaval Oruro 2014
 
Une heure seulement après l’accident, une immense vague de CHUUUUT suivie d’une vague de silence a envahi toute la rue. Après cette minute de silence improvisée, nous entendons un grand « Quien Quiere Continuar el camino? » (Qui veut continuer a marcher?). Un bruit général nous fit comprendre que les carnavaliers voulaient continuer. Ont suivi 2 heures de flou durant lesquelles le carnaval est resté en pause, de nombreux exposants et visiteurs sont rentrés chez eux créant une petite désertion des gradins. puis la fête à repris de plus belle.
J’ai trouvé ce moment très fort, il est difficile d’imaginer chez nous la reprise d’un événement après la mort de plusieurs personnes. Mais ici, il s’agissait de leur rendre hommage et de poursuivre tout de même le carnaval. En un temps record, les carnavaliers suivant se virent dotés d’un ruban noir en signe de deuil.
Chères mères, quelques temps avant nous étions sur cette passerelle, nous faisant la remarque que ses tôles ne paraissaient pas très bien assemblées. Rassurez vous, nous nous en sommes sortis entiers. Enfin physiquement entiers…

Immersion Française à Oruro, rencontres, bières et chorégraphies douteuses

Après un voyage de 8h depuis Sucre, nous débarquons un peu claqués à 5h du matin et décidons de dormir par terre dans le terminal, 2 petites heures de sommeil sur du carrelage c’est toujours ça de pris.
Premier incident: Johan dormant paisiblement dans son cocon Decathlon, un inconnu a trouvé le moyen de lui voler ses chaussures, oui… ses Salomon. L’aventurier à donc passé tout le carnaval avec mes chaussures (2 pointures en plus).
Après cette première défaite, nous partons explorer la ville, se renseigner sur le tarif des gradins et repérer les lieux. Nous évoluons dans une foule incroyable, dense et très joyeuse. C’est au bout d’une heure que nous décidons de nous munir de bombes à neige ce qui nous a permis d’affirmer notre statut de gringos aux yeux de tous.
Nous partons retrouver des camarades françaises rencontrées à La Paz, rendez vous sur la place centrale, autant vous dire mission impossible, c’est donc seuls que nous repartons vers nos gradins.
Second Incident: Johan nous fait une remarque très pertinente : « Je viens de me faire voler mon portable ». Il était évident que nous avions notre seconde défaite et notre mailloux faible (Ok, je sors!). Un Anglais croisé plus loin nous met en garde, « Attention je viens de me faire voler mon porte feuilles et ma caméra », « Merci l’ami ».

Ce n’est pas ça qui va nous freiner

Peu après, nous nous mettons en quête du gradin parfait, nous choisissons l’emplacement idéal qui était entre temps passé de 150 à 220 Bolivianos et découvrons notre place, au dixième niveau. Nous faisons quelques courses pour les heures à venir, quelques spiritueux et un peu de bière.
Une fois montés nous nous faisons très vite des amis avec qui nous échangeons des informations ,des bières et de la neige artificielle.
Un peu plus tard dans la soirée, les esprits quelque peu échauffés nous décidons de remonter le carnaval accompagnés de nos deux amies Estelle et Emmanuelle. Nous passons donc de l’autre côté des barrière pour accompagner les danseurs, danseuses et musiciens dans leur mouvement.
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Quelques amies danseuses (CAP raté)
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Team Cochonou, très attendue lors du carnaval d’Oruro

On a bien été obligés d’apprendre à danser

Nous apprenons un millier de pas de danse différents, nous essayons des coiffes traditionnelles et imitons les musiciens jusqu’à 4h du matin dans un rythme endiablé.
Troisième Incident: Après cette heure, nous perdons Alex dans la foule et après quelques vaines recherches  nous abandonnant les recherches. Nous le retrouverons finalement le lendemain endormi contre un pilier du terminal.
Conclusion: Le carnaval d’Oruro est vraiment un lieu exceptionnel ou l’on se retrouve mélangé à la population pour observer un spectacle fabuleux, coloré, impressionnant et féerique, le tout bien arrosé. Si vous avez l’occasion, n’hésitez pas à vous y rendre. A peine parti, je pense déjà y retourner et pas tout seul! Si l’on vous dit que tout est réservé et qu’aucune chambre d’hôtel n’est disponible à des prix corrects n’en faites rien, vous trouverez des chambres 3 étoiles à 12 € la nuit. (Nous on s’est contentés d’1h de sommeil dans la gare routière)
Etape Suivante: Après Oruro, nous partons en direction de la réserve naturelle de Sajama, bains thermaux, geysers et volcans.
Check-List: Apprendre le Folklore Bolivien acclamés par une foule en délire: CHECK